Portrait d’Etienne Derycke, récemment installé dans le bocage virois en élevage… de plants maraichers !

Lors de ses années lycée, ce n’est pas le domaine agricole qui attire ce Samarien mais le commerce et les ressources humaines. Cet attrait le conduit donc vers un BTS Management des Unités Commerciales qu’il obtient en 2014 avant de poursuivre son parcours en tant que manager en maintenance industrielle toujours dans la Somme. Au bout de 6 ans, c’est le déclic ! Retour aux sources ou presque, puisqu’en 2022 il entame une reconversion professionnelle dans le secteur agricole dont il est issu.

A la conquête de la Normandie…

Avec un BPREA en maraîchage en poche, il ne lui reste plus qu’à trouver le site de son futur projet de vie ! Il sait d’ores et déjà qu’il ne pourra pas le réaliser dans son secteur natal où la pression foncière rend l’installation hors cadre familial impossible. « A 28 ans, avec des enfants en bas âges nous étions mobiles, c’était le bon moment pour se lancer ! » précise Etienne.

Il s’inscrit donc sur le Répertoire Départ Installation des 3 régions du Grand Ouest : Bretagne, Pays de la Loire et Normandie. Après plusieurs visites, il pose ses valises en Normandie et plus précisément dans le bocage Virois, un point d’attache pour lui car il y retrouve de la famille. Un critère à ne pas sous-estimer selon lui : « Il faut se donner la possibilité d’être soutenu par des proches quand on mène ce type de projet. » C’est aussi entre stages et visites qu’Etienne s‘est ouvert tout au long de son parcours : « ce sont les rencontres et les échanges qui permettent de s’élever ». A son arrivée en Normandie, il s’est attaché à en faire de même afin de bien s’ancrer sur son territoire.

Des plants “coucounés”

Même si l’activité change en passant de l’horticulture à la production de plants potagers, le site est adapté et ne manque pas d’atouts : une surface de 3500 m² de serre en verre chauffée, un climat tempéré, un puit pour la ressource en eau, la proximité d’un axe autoroutiers pour les livraisons…

De quoi mener à bien son élevage ! Et oui, que ce soit des plants “froids” produits sur plaques alvéolées ou “chauds” sous forme de mottes, la production de plants s’apparente grandement à l’élevage de par la surveillance quotidienne qu’il faut réaliser, aux mesures d’hygiène très strictes qu’il faut respecter et à la gestion technique et sanitaire indispensable pour veiller au bon développement des plants. « Il faut les mettre dans un cocon » : maîtriser les conditions climatiques, éviter les pressions fongiques ou parasitaires… En somme mettre toutes les bonnes conditions en œuvre pour passer l’ensemble des étapes : de la germination, l’acclimatation, le développement racinaire du plant jusqu’au durcissement étape qui le prépare à son futur environnement.

Autre parallèle avec l’élevage d’animaux : le passeport sanitaire. En effet, il faut détenir une habilitation délivrée par SEMAE, l’interprofession des semences et un passeport sanitaire pour exercer ce type d’activité. Chaque plant possède ainsi un numéro qui permet de faire le suivi des différents opérateurs qui sont intervenus dans sa production afin d’identifier l’origine de tout problème sanitaire s’il y a lieu.

Construire son projet

Cette exigence technique et ce défi entrepreunarial, il les relève grâce aux compétences acquises lors de son BPREA mais pas seulement ! Son expérience professionnelle précédente a été un atout indéniable pour créer son exploitation “SCEA Maison Derycke”. Il a ainsi consacré l’année 2023 aux différentes démarches. Accompagné par la Chambre d’Agriculture sur sa demande de DJA et autres demandes administratives, il a réalisé lui-même son chiffrage économique et son étude de marché.

En effet, il existe très peu de données technico-économiques en production de plants, il s’est donc beaucoup documenté, a effectué des recherches, des tests. Seul regret pour lui : le manque de confiance que certains acteurs ont pu avoir sur son chiffrage personnel, « Le tampon d’un organisme de gestion va tout de suite rassurer mais ce n’est pas pour autant qu’ils ont les données technico-économiques sur un projet particulier comme le mien, au final c‘est bien moi qui fournit les chiffres. » A noter que la certification de compétences, un préalable désormais obligatoire pour l’obtention de l’aide Normandie Démarrage Installation, devrait permettre de rassurer les acteurs sur la capacité du candidat à mener son projet.

Niveau marché, il destine sa production pour 90 % à des professionnels (maraichers diversifiés et légumiers) et 10 % aux particuliers. Une serre en plastique sera même dédiée à ce marché pour ouvrir les portes aux visiteurs tout en évitant les potentielles contaminations sur le restant de la production. De même, il couvrira les commandes en bio comme en conventionnel afin de répondre à toutes les demandes, il a pour cela adapté son itinéraire technique.

Vous l’aurez compris tout est bien pensé mais l’aventure ne fait que commencer pour Etienne ! Il sera bientôt rejoint par sa femme, Caroline, actuellement en BPREA horticulture-pépinière. Une spécialité qui ajoutera une nouvelle corde à leur arc pour renforcer et développer leur activité !