A 21 ans, Paul sait déjà où il va ! Diplômé d’un BTS en 2023 et bientôt d’une licence, il poursuit le développement de sa société de commercialisation qu’il a lancé lors de ses études.

Relever un challenge

La réflexion débute lors de l’arrêt de la production laitière de la ferme familiale. La question se pose alors puisqu’il souhaite rejoindre l’exploitation à l’avenir. La première idée est de valoriser les coteaux exposés plein sud en y plantant de la vigne mais deux problèmes se posent. Tout d’abord, le temps de mise en production après implantation des pieds de vigne puis celui de la main d’œuvre nécessaire. Il change alors de cap et se dirige vers la production de pâtes et d’huiles qui permettra de valoriser les céréales produites sur la ferme. « Le côté expérimentation est plaisant, une année ne fait pas l’autre. C’est un défi permanent à relever » nous détaille t-il pour expliquer le choix de son activité. Les coteaux jouent là encore leur rôle, permettant de cultiver du blé dur ou encore du tournesol grâce à une maturité plus précoce.

Exploitation agricole en Normandie

Montrer ses capacités

Lorsqu’on lui demande comment il a monté son projet, il nous explique en toute simplicité avoir réutilisé ce qu’il a vu lors de son BTS. En effet, pour toute la partie chiffrage, il s’est servi des connaissances acquises notamment en comptabilité, pour le reste il a pu compter sur un stage effectué dans l’Eure dans une ferme qui réalisait le même type d’activité. Complété par une vingtaine de visites effectuées dans toute la France, de recherches et de l’appui de ses parents qui ont réalisé une formation sur le stockage et la transformation des céréales à la ferme, il a surpris sa famille et convaincu la banque. «“Tu es capable de faire tout ça !” m’a dit mon père lorsque je lui ai montré mon travail. Cela donne une bonne image aux acteurs qui nous entourent de proposer de belles choses comme celle-ci.»

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Adapter l’outil de production

Tout est pensé dans le projet de Paul jusqu’au réaménagement des anciens bâtis. Il imagine d’abord réutiliser la grange du XIVème siècle se trouvant à l’entrée de la ferme mais cela s’avère trop compliqué pour le moment. En attendant d’abriter un futur magasin, la grange et le lieu-dit donnent leur nom à l’entreprise de Paul et ses parents “La Grange Saint Etienne” et c’est le bâtiment des vaches laitières qui se transforme en stockage et triage des céréales et oléagineux. La salle de traite abrite désormais le grenier, le pressoir à huile et le moulin à farine quand la machine à pâte et son séchoir ont remplacé le tank à lait.

S’il n’y a plus de vaches dans cette partie de la ferme, ce n’est pas pour autant qu’il n’y en a plus du tout ! Un troupeau d’une cinquantaine d’allaitantes valorisent les herbages mais aussi les coproduits issus de la transformation. La boucle est bouclée !

Travailler en local

Une autre évidence pour Paul : l’économie locale ! En effet, il s’attache à travailler avec des entreprises de son secteur. Pour étoffer sa gamme de produits, il a fait appel à l’APEI-ESAT “Les ateliers d’Etran” qui favorise l’insertion des personnes en situation de handicap et à la boulangerie “La Boul’Ange” tous deux situés dans son village. Les biscuits sucrés ont donc fait leur entrée fin 2023 puis c’est au tour des biscuits apéritifs lancés à l’occasion de leur porte-ouverte en juin 2024.

Les partenariats locaux se développent également au niveau commercialisation. En complément de la vente directe effectuée tous les vendredis sur la ferme, il travaille exclusivement avec des entreprises de Seine-Maritime et plus particulièrement de la région Dieppoise : collectivités (via agrilocal), restaurants, épiceries fines ou encore magasins.

Communiquer sur son métier

« Ce qui est important dans mon activité, c’est le contact ! Je préfère que ce soit moi qui parle de mon métier plutôt que ce soit les autres. »  nous précise Paul, qui a à cœur de communiquer sur ses produits mais aussi sur l’agriculture en général. Pour ce faire, il organise une porte ouverte annuelle au mois de juin et des visites tous les vendredis en lien avec l’office de tourisme et le village vacances de son secteur. Le vendredi qui suit notre reportage, une trentaine de belges débarqueront à la ferme pour une visite réservée un an à l’avance. Autre objectif, celui d’accueillir l’école du village, les élèves pourront ainsi découvrir le principe “du champs à l’assiette” car ils dégustent déjà les produits de la ferme.

Construire la suite

Après avoir relevé ce challenge, démontré ses capacités, adapté l’outil de production, développé des partenariats locaux et la communication autour de son activité, que lui reste t-il à faire me direz-vous ? Sauter le pas de l’installation ! En effet, à ce jour Paul est associé sur la société commerciale qui valorise les produits de la ferme, il souhaite un jour s’installer sur la partie production au sein du GAEC.

En attendant le départ en retraite de son père ou une opportunité de reprise, Paul poursuit sa route et ajoute des cordes à son arc qui lui permettront de relever ce challenge et tous ceux qu’il se lancera à l’avenir !