Des risques humains sous-évalués
Fréquemment sous-évalués, les risques humains émergent comme un élément récurrent susceptible de fragiliser les assises d’une entreprise.
Le piège de l’isolement guette particulièrement les jeunes professionnels immergés dans l’ardeur du travail, les laissant ainsi moins appuyés face aux épreuves telles que la maladie, la surcharge de travail, voire la dépression. Parallèlement, la difficulté de recrutement peut restreindre la croissance de l’entreprise tout en amplifiant la charge de travail.
La conjoncture instable contribue à accroître les risques économiques et stratégiques. À l’installation de leurs projets, les porteurs de ces derniers aspirent à démontrer la robustesse de leurs initiatives. Cependant, ils ont souvent tendance à négliger certains risques potentiels tels que la perte de débouchés due au désintérêt des consommateurs et la corrélation subséquente avec la diminution des prix.
En ce qui concerne les exploitations agricoles, une variété considérable de risques se dessine. Prendre différentes formes, ils peuvent être classifiés en six grandes catégories : production, facteurs de production, financiers, humains, institutionnels et prix, selon les données des Chambres d’agriculture France.
Bien que les aléas climatiques aient toujours exercé des impacts significatifs sur les activités agricoles, la prise en compte du risque de diminution des rendements lié au changement climatique s’est intensifiée depuis les sécheresses de 2018, 2019 et 2020. Toutefois, il apparaît que lors de l’installation, une réflexion à long terme devrait être instaurée pour que les investissements structurels, tels que les constructions, les plantations et l’acquisition de cheptel, soient planifiés en tenant compte du climat des prochaines décennies.
Il est possible de se préparer et de limiter certains risques
Aborder un risque implique un éventail varié de solutions. La première étape consiste à évaluer le risque, considéré critique s’il présente une probabilité élevée ou des conséquences graves. Cette phase revêt une importance cruciale pour identifier les risques les plus préoccupants et élaborer un plan d’action. Des solutions adaptées à l’entreprise peuvent alors être mises en place, en tenant compte de l’aversion au risque du dirigeant, des vulnérabilités identifiées et de la capacité de résilience.
Dans le processus de gestion d’un risque, le dirigeant se voit confronté à trois options : retenir, transférer ou traiter le risque. En cas de rétention, le risque est identifié, son impact est évalué, mais le chef d’exploitation choisit de faire face uniquement en utilisant sa trésorerie en cas de réalisation. Par exemple, le risque lié au retrait du marché d’une molécule chimique peut être traité en provisionnant une trésorerie suffisante pour faire face à des récoltes défavorables liées à cette interdiction, comme cela a été le cas pour les producteurs de betteraves ou de colza ces dernières campagnes.
Lorsque le dirigeant opte pour le transfert du risque, il conclut un accord avec un tiers, souvent un assureur, afin que ce dernier supporte les conséquences financières, comme le ferait un éleveur en souscrivant à un dispositif d’aléas climatiques pour ses prairies.
Enfin, traiter le risque implique la mise en place d’actions visant à réduire la probabilité d’occurrence ou la gravité des répercussions. Un éleveur cherchant à traiter le risque de hausse du cours des intrants peut ajuster son chargement pour améliorer son autonomie fourragère, conclure des contrats avec ses fournisseurs et stocker ses intrants pour maîtriser ses prix d’achat. Le choix entre ces stratégies dépend de l’impact du risque, du coût de chaque stratégie, de l’environnement de l’entreprise et de la personnalité de l’agriculteur.
Gérer les risques offre également l’opportunité de saisir les opportunités. L’analyse des risques pesant sur l’entreprise offre une perspective nouvelle sur son environnement. Les risques, découlant des changements du contexte ou de l’entreprise, renferment également des opportunités. Les anticiper permet de comprendre comment l’entreprise peut s’adapter et saisir les occasions qui se présentent. Ainsi, s’ajuster aux évolutions des modes de consommation, réduire la dépendance aux intrants et favoriser la coopération entre voisins pour anticiper un départ d’associé peuvent avoir des effets positifs sur l’ensemble de l’entreprise, conférant ainsi une signification plus profonde au métier d’agriculteur.
Il est possible de se préparer et de limiter certains risques
- Financiers : en prenant des mesures de précaution (cautions, assurances…) et en se formant pour mieux gérer (outils de gestion, suivi des stocks…)
- Identifier les impacts du changement climatique et le prendre en compte pour définir ses projets (bâtiments, choix pour les fourrages…)
- Savoir rester informé sur la conjoncture, les marchés, les évolutions réglementaires pour moins les subir
- Anticiper les risques humains liés à l’exploitant et identifier les assurances et organismes qui peuvent aider à les prévenir
- Identifier les risques liés aux Hommes travaillant ou intervenant sur l’exploitation pour mettre en place des actions qui limiteront ceux-ci. L’établissement d’un Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) est une obligation cruciale pour les exploitants agricoles employant une main-d’œuvre, y compris les stagiaires. Cette démarche vise à identifier les risques liés aux activités sur l’exploitation et à mettre en œuvre des actions préventives pour garantir la sécurité des travailleurs. Du quotidien aux opérations spécifiques, cette évaluation permet de cibler des risques tels que l’utilisation de machines, les produits chimiques, et les dangers sur le terrain. En adoptant le DUERP, les exploitants démontrent leur engagement envers la sécurité, contribuant ainsi à instaurer un environnement de travail sûr pour tous les intervenants.
- Améliorer la résilience globale de la ferme, c’est à dire sa capacité de rebond suite à un aléas, en étant intégré dans le territoire et en lien avec le milieu agricole et les citoyens, en étant en capacité d’autonomie décisionnelle sur sa ferme en comprenant ses chiffres et gérant sa structure, en prenant du temps pour soi en dehors de la ferme, etc… tous ces facteurs améliorent la résilience de votre futur système !